Pourquoi nous considérons l'approbation de l'ERMA comme un événement majeur pour l'Europe et l'industrie minière.

Septembre 2020 a vu le lancement discret d'un organisme appelé European Raw Materials Alliance(ERMA). En tant qu'entreprise entretenant des liens étroits avec l'industrie minière mondiale, Worldsensing s'est empressée d'ajouter son nom au réseau de partenaires de l'ERMA. Cela n'a rien d'extraordinaire, pourrait-on penser. Mais détrompez-vous. Notre engagement auprès de l'ERMA n'est pas seulement un geste de solidarité avec une industrie à laquelle nous sommes déjà étroitement liés. À nos yeux, il s'inscrit dans un mouvement qui est essentiel pour l'avenir de l'industrie minière et de l'Europe. 

C'est aussi quelque chose qui nous tient à cœur. Chez Worldsensing, nous cherchons à transformer les actifs en infrastructures critiques résilientes au climat. Notre mission est d'assurer la sécurité des personnes en fournissant aux clients, aux partenaires et à notre écosystème une technologie qui leur permet d'anticiper les événements et de prendre des décisions plus intelligentes pour prévenir les catastrophes.

Pour comprendre pourquoi ERMA est si important, il faut d'abord connaître le rôle que jouent les matières premières dans l'une des plus grandes transformations des temps modernes. Ce n'est un secret pour personne que notre économie mondiale est presque entièrement alimentée par des combustibles fossiles, de l'essence qui alimente nos voitures au charbon qui brûle dans nos centrales électriques. Ce n'est pas non plus un secret que nous devons abandonner ces sources d'énergie, et vite. 

Même si le réchauffement climatique ne nous forçait pas la main, le fait est que les combustibles fossiles sont en quantité limitée. Les réserves mondiales de charbon commenceront probablement à s'épuiser d'ici cinq ans et le pétrole et le gaz pourraient se raréfier à partir de 2050. Encouragés par les effets négatifs du changement climatique, la plupart des gouvernements tentent raisonnablement de s'affranchir des combustibles fossiles encore plus tôt. Ainsi, nous assistons à des objectifs de plus en plus ambitieux en matière d'énergie propre, non seulement de la part des administrations mais aussi du secteur privé. 

La société de demain, nous le savons maintenant, sera alimentée par des panneaux solaires et des éoliennes, et se déplacera en utilisant des véhicules électriques plutôt que des voitures gourmandes en essence. Mais ce que beaucoup de gens ne réalisent pas, c'est que cette transition nécessitera un investissement massif dans l'extraction de matières premières, tout comme l'économie précédente a nécessité l'extraction massive de combustibles fossiles. 

Les éoliennes, par exemple, sont principalement composées d'acier et de fer, mais nécessitent également des quantités importantes de cuivre et d'aluminium. Les turbines qui utilisent des générateurs à entraînement direct ont également besoin d'éléments de terres rares tels que le dysprosium, le néodyme et le praséodyme. Mais les besoins du secteur éolien sont mineurs par rapport aux prévisions d'approvisionnement nécessaires pour les batteries lithium-ion. 

Initialement produites en masse pour (et toujours utilisées dans) les appareils électroniques grand public tels que les téléphones mobiles et les ordinateurs portables, les batteries lithium-ion sont désormais utilisées en grande quantité pour stocker l'énergie solaire dans les maisons et pour les énormes systèmes de batteries connectés au réseau. Plus important encore, les batteries lithium-ion sont également essentielles au développement des véhicules électriques. Ces batteries nécessitent un mélange de matériaux, notamment du cobalt, du graphite, du lithium et du nickel, dont certains peuvent poser des problèmes de chaîne d'approvisionnement. 

Les trois quarts de l'approvisionnement mondial en cobalt, par exemple, devraient provenir de la République démocratique du Congo (RDC) d'ici l'année prochaine. Il serait risqué de dépendre d'un seul pays pour un tel niveau d'approvisionnement. Et dans le cas de la RDC, le risque est amplifié par un conflit armé de longue date qui vient seulement de prendre fin cette année. Ces facteurs ont fait craindre que la transition énergétique ne soit compromise par des contraintes d'approvisionnement en matières premières. 

Les goulets d'étranglement de l'offre préoccupent particulièrement les décideurs européens. L'Europe a ouvert la voie au début de la transition énergétique, en créant d'importants marchés pour les énergies renouvelables et en donnant naissance aux principaux fabricants d'éoliennes du monde. Mais la fabrication de batteries est menée par des entreprises de pays asiatiques tels que la Chine et la Corée du Sud. 

Les législateurs de l'Union européenne ont compris qu'ils devaient encourager une industrie nationale des batteries, sans quoi le bloc pourrait perdre son emprise sur le secteur automobile, qui revêt une importance stratégique. C'est donc dans ce contexte que le commissaire européen Thierry Breton et le vice-président Maroš Šefčovič ont lancé ERMA le mois dernier. 

Aider à atteindre les objectifs du marché vert

En contribuant à renforcer les chaînes d'approvisionnement en matières premières, l'Alliance aidera non seulement l'Europe à atteindre ses objectifs en matière de climat et de "green deal", mais elle permettra également à l'Union de rester compétitive dans des secteurs industriels clés tels que l'automobile et l'énergie. Et ce n'est pas tout. Les matières premières proviennent de toute une série de marchés mondiaux et, si l'industrie minière en général fait de grands progrès dans l'amélioration des pratiques en matière de main-d'œuvre, des inquiétudes subsistent dans certaines juridictions. 

Le cobalt en est un bon exemple : la demande de ce métal devrait être multipliée par quatre d'ici à 2030, mais à l'heure actuelle, jusqu'à 30 % de l'extraction minière en RDC se fait dans des mines artisanales ou à petite échelle, où les normes environnementales et de sécurité sont peu contrôlées. La situation a peu de chances de changer à moins que des pressions ne soient exercées en amont de la chaîne d'approvisionnement. Les entreprises manufacturières européennes, qui sont soumises à des normes de sécurité et d'environnement parmi les plus strictes au monde, pourraient jouer un rôle de catalyseur. 

Nous pensons donc qu'ERMA pourrait être une force majeure pour le bien de l'industrie minière, en aidant à diffuser l'adoption des meilleures pratiques. C'est une chose à laquelle nous sommes déjà fortement attachés. 

S'appuyer sur des collaborations antérieures

Et nous collaborons déjà avec des organismes tels que l'Union européenne et la Banque européenne d'investissement pour améliorer la sécurité dans les projets d'infrastructure. En ce qui concerne spécifiquement les matières premières, notre association avec ERMA fait suite à notre participation au projet européen AMICOS sur les systèmes autonomes de surveillance et de contrôle des installations minières et au programme illuMINEation visant à faire progresser la réduction des risques et la résilience dans les mines.

Faire partie de l'ERMA et contribuer aux objectifs de durabilité de l'Europe n'est pas seulement un engagement à construire une entreprise respectueuse de la planète, mais aussi une déclaration claire de notre volonté d'avoir un impact et de contribuer à un développement humain plus durable. En pratique, cela signifie que nous nous efforcerons de contribuer aux objectifs de l'Europe en matière de développement durable dans tous nos domaines d'activité - pas seulement l'exploitation minière, mais aussi la construction, le transport ferroviaire, etc.

En interne, nous continuerons à donner la priorité à la conformité environnementale et à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour contribuer à la construction d'un monde meilleur et plus fort, en offrant des solutions qui aident à créer des opérations minières et de construction plus durables et plus résilientes. Il y a beaucoup à faire pour que tout se passe bien.